Lundi 26 mai
Je suis dans le train. Je rentre à Montpellier.
Il fait beau.
Je n'ai le temps aujourd'hui de n'écrire qu'un petit journal
Au milieu des lettres que je dois envoyer, des démarches à faire et du travail pour l'école
J'ai inventé un conte
Un conte de la solitude et de devenir une-seul
En traduction littérale
Je dois trouver le moyen de l'interpréter sur scène aujourd'hui
Et nous devrions aussi savoir, enfin, lesquels de nos projets seront acceptés pour les cartes blanches
Quelles pièces allons-nous travailler jusqu'en octobre. Les nôtres.
Peut-être la mienne.
Nous arrivons à Nîmes Pont-du-Gard
Je suis inquiète et j'ai sûrement beaucoup de raisons de m'inquiéter
Ne serait-ce que le manque de sommeil et la quantité de travail attendu à l'école
Les rêves qui prennent leur place, leur essor et qui s'installent
Mais au rythme éfréné nécessaire à la formation accélérée de quelques comédiens anxieux
Je me bats pour préserver mon endroit de rêve solitaire qui ne rencontre personne
Mon rêve à moi se transforme au contact du regard des gens
Mes contes ne trouvent de public qu'en moi-même et au détour de quelques conversations animés
Des regards silencieux de mes camarades et je tiens entre mes mains ce rêve
Qui glisse et s'écoule sur le plateau comme une flaque
Dans laquelle je glisse, je tombe et le public rit
Et alors le rêve s'éteint
Comme ça
Disparaît
Me laisse
Avec mes insomnies, la solitude et tout le reste
Ce sera bientôt le mois de juin, mon calendrier est rempli
De choses que je ne saisi qu'à peine, des soirées pleines
A courir toujours à travailler beaucoup et on ne sait même pas à quoi
J'aimerais tellement pouvoir juste dormir
Les gens au-dehors me disent de partir
Ils ne peuvent plus comprendre ou entendre mes plaintes infinies de cette condition de vie
Il ne me reste pour compagnie que ces petits rêves
Quelques amis imaginaires des dessins qui s'animent
Je travaille le soir et je salue les fantômes du théâtre
La ville autour, déjà, se peuple des fantômes
Je suis atteinte d'un trouble qui m'empêche de reconnaître les visages
Amis ou ennemis peuvent me voir me saluer me reconnaître ou me faire des reproches
Et je ne saurais même pas qui me parle et à qui iel s'adresse
Et aussi cruel que cela puisse paraître, je suis aveugle aux autres
Et je vis toute entière dédiée à des fantômes
D'une conversation profonde que je pourrais attribuer à toi
Ou à toi
Ou peut-être à toi
Je ne sais plus à qui je m'adresse
Je peux passer des soirées entières à essayer de me rappeler qui est la personne en face de moi
Si je l'ai jamais su un jour.
Je rentre chez moi et je pense que je suis seule
Quand au dehors beaucoup pourraient me connaître
Je perds le fil du temps et des rencontres
Et je m'intérroge sur l'avenir et ce monde, cet entourage possible
Cette famille d'artiste que j'aimerais connaître autant qu'existent peut-être juste en face de moi
Ces âmes profondes qui m'inspirent et que dans ma fatigue je ne vois pas
Du repos
De la tranquilité
Et du repos
Le temps que l'horizon s'éclaire
Le temps de finir ce conte
Et de trouver quelques épaules où je puisse me reposer
Si ce n'est la mienne
Parce que face à ce constat que la solitude sera peut-être ma plus proche amie
Pour aujourd'hui et le reste de ma vie
Condamnée par mon étrangeté ma vision atteinte mon angoisse maladive
Des autres et de l'amour
J'en arrive à penser que ma présence n'est pas requise
Que je pourrais préserver les autres de ma propre intensité
M'interroger sur mon besoin de partager, de parler et d'écrire sans cesse
Questionner cette angoisse de fond que j'ignore trop souvent
Ma crainte de l'autre et de son mépris
Son aggressivité ressentie sa peine qui me transperce
Surtout quand j'en suis la cause et que je ne le fais pas exprès
J'espère?
Dans 5 minutes je serais de retour à Montpellier
Je ferais de mon mieux pour annuler des rendez-vous
Pour ralentir les choses et apaiser mes craintes
Pour me laisser l'espace de flâner
Et le temps de rêvasser
J'ai revu de vieux amis ce week-end et je suis sûrement bien lâche de me morfondre
De cet amour que je perçois autour de moi sans que je n'arrive à le saisir
Valentina, si tu me vois
Judikaël
Samedi 3 mai
Je suis dans un train pour St Etienne.
Je manque de sommeil mais je vais bien
Nous sommes arrêtés à Nîmes et à cette date le sud ressemble déjà à un long été.
Nous avons un peu de temps libres à l'école et pareille à mes camarades, je traîne, autour du jardin luxuriant, la tête dans les nuages
Je vais à la plage.
Les rythmes s'accélèrent, nous sommes dans la période.
Avril, mai, juin
Avril, may, jude
Les trois mois que je m'étais dis un jour que ce serait les miens
Parce qu'avril est un prénom mixte que je trouve magnifique
Parce que je m'appelle Maï et que l'administration française voudrait me retirer mon tréma
Parce que je suis née en juin et qu'il m'est arrivé de me faire appeler
"Hey Jude!" aura 27 ans le 21 juin
Je vieillis, je le vois sur mon visage
Les premiers cheveux blancs les rides au coin des yeux
L'école ça nous vieillit, paraît-il on retrouvera des couleurs en refaisant cette route
De la Bretagne à Paris vers Montpellier en sens inverse, rentrer là où m'attends encore ma famille et quelques proches
Et pourtant je sais que c'est désormais ici que je veux vivre.
Ici pourrait être un train
Ici pourrait être un voyage constant du plus petit vers le plus grand
"Attention, ça va vous arriver!" nous disait avec tendresse Raoul Fernandez au conservatoire de Caen
Jeunes comédiens vous irez dans de nombreux pays vous jouerez dans les écoles et dans les prisons
Vous vous retrouverez dans des chambres d'hotel trop grande pour vous et
Nous parlions ensemble les quelques mots de turcs que nous avions appris d'un amant
Örümcek! Sevgilim! Seni Seviyorum Sevgilim!
Et j'irais un jour en Russie et en Turquie
Traverser le désert du Texas et les oasis d'Arabie
Mais il faudrait pour cela que la route du monde dévie légèrement de son axe
Et que des jeunes touristes transgenres bien que blanc puissent passer par ces pays en étant sûrs de ne pas risquer leur vie
Mais surtout je le crois, je le ressens, je vais rester vivre ici
Dans ce petit coin du sud de la France avec l'Italie non loin
Et bien sûr je retournerais à Turin
Je n'aurais jamais fini de suivre tes pas Valentina
Ces quelques mois d'avril mai juin
Mois de révoltes que j'ai fait mien
En 2023 alors que j'habitais à Bobigny je faisais les manifs à Paris
La fête du travail notre manif des manif celle pour laquelle il m'est arrivé de me battre
Pour continuer d'y aller chaque année comme mon père m'ammenait dés ma naissance
A Paris cette année-là où je ne connaissais personne
J'ai acheté un brin de muguet et j'ai marché dans les rues
Contre la réforme des retraites on a brisé des vitrines
Des panneaux publicitaires qui servaient de cadres à des guitaristes fous
Qui indiquaient à de jeunes gens comment monter sur l'échaffaudage de cet immeuble non loin
Et nous fumions ainsi des clopes sur les toits de Paris
Je tirais le tarot dans l'herbe sans voir la police qui commençait à nasser la place
Le feu, plus loin, et au milieu de la place encerclée
Un unique percussionniste, dégoulinant de sueur
Qui faisait danser 100 personnes avec un seul djembé
Pendant que la police autour de nous se rapprochait
Courant avec mon brin de muguet
Sur la place de la Nation je me suis mariée à la Révolution
Nous sommes au mois de mai.
Et il n'y a plus tant de monde sur les nouvelles places de la Nation
Et je rêve la mienne qui commence à prendre corps
Celle du 36 mars et de ces 5 adolescents rêvés
Mes enfants de la Révolution aux rêves plus grands que le monde
Pièce qui ne parle plus tant de la politique que d'imagination
Pour stimuler notre pouvoir d'invention et bâtir les utopies de demain sur des bases neuves
Un grand cri du coeur vers l'amour et le partage
Notre besoin de communauté bien vivant et qui ne pourra qu'être notre unique salut
Si jamais le fascisme arrive au pouvoir et avant ça
Tenter de jouer la pièce à l'horizon des présidentielles de 2027 et tout, tout, tout faire
Pour que la gauche puisse eventuellement accéder au pouvoir
Quoi qu'on en dise
Il faut que cette nouvelle jeunesse puisse parler haut et fort
Que leur parole brouillone et décousue puisse trouver son essor
Il faut mettre fin à la solitude et ce sera notre enjeu le plus vital à l'heure
De ces nouvelles consciences virtuelles qui pourraient de partout émerger
Sans que l'on ne soupçonne leur naissance
Le 36 mars est fini, plus ou moins
J'entends une dame dans le train qui dit à son fils qu'elle préfererait qu'il reste un garçon
Mes camarades partagent sur instagram les très belles photos que nous avons du spectacle sur Garcia Lorca
BODA DE SANGRE
La noce, les enfants et le mur
Une veuve d'à peine 40 ans qui n'a que le mur comme avenir
Les cris de solitude, toujours, qui embrasent la scène du théâtre
Des infinis possibles, laisser la place à la vie dans un horizon de mort
Des fêtes de la musique où la musique ne s'arrêterait jamais
J'arriverais bientôt à Lyon et il ne reste que quelques dizaines de minutes pour écrire
Courir, toujours, et un jour je m'assierais sur le socle de ma puissance
Et ce ne sera que pour partager avec d'autres le pouvoir d'action
Et peut-être bien, élever mes propres enfants de chair et de sang
Je rêve, en attendant, à tous ces avenirs possibles
Et à ces enfants de papiers qui pourraient prendre bientôt corps
A ceux, numériques, qui sont en train de naître
Et mon étrangeté au milieu, mes milliers de diagnostics
Handicapée hystérique incapable seulement
De rester silencieuse face à l'injustice et qui ne souhaite
Que d'emporter le reste du monde dans sa propre quête d'émancipation
C'est comme ça que je suis
Soyons des enfants bruyants
Partageons partout nos récentes obsessions
Soyons égoïste à notre endroit de parole si il nous semble juste
Ce ne sont pas les enfants sages qui changent le monde
Ou alors ceux qui entretiennent en eux le feu
Et qui dessinent en secret la mort des méchants
Faites attention aux enfants sages qui peuvent tout brûler sur leur passage
Faites attentions aux jeunes filles
Qui brûleront l'ancien monde bien plus efficacement que les machines
Faites attention à la parole de celles
Que l'on juge facilement agressive et à qui l'on retire
La maturité l'intelligence la sympathie si
Elle a le malheur de s'attaquer à l'ordre établi
Faites attention à la violence qui ne se contient pas dans un cri
Celle, véritable, qui retire au contraire la parole
Sous prétexte de bon sens et de bonhommie
Il arrive que le feu brûle mais le froid est mortel
Faites attention aux terres froides où ne peuvent exister le plus petit début d'incendie
Ou vous vous glacerez à petit feu, incapable de voir,
Le séïsme que votre inaction fait grandir sous vos pas
Après Lyon un autre train et ensuite St Etienne
Retrouver ces amis joyeux ces bonnes âmes aimées
Rencontrées par delà la route, celle des concours
Jeunes comédiens rêvent et se désespèrent
Jeunes comédiens s'aiment et se retrouvent
Par delà ces lignes de trains que nous connaissons bien
Je corrigerais mon site de Lyon à St Etienne
Je donnerais à tous accès à cette année de concours
Le journal à Valentina le témoignage tout sincère
De la naissance de cette nouvelle jeunesse
Croire, en la parole la plus pure, la plus honnête
La plus inutile et la plus réflexive
Pour en encourager d'autres, d'autres de ces filles
Handicapées, désespérées, hystériques
A prendre le clavier le cahier et la plume et dire
Crier par-dessus les montagnes de glaces leur soif
De révolution et d'amitiées nouvelles
Valentina, si tu me lis,
Je t'aime, prends soin de toi
Judikaël
Samedi 29 mars
Je suis dans un train pour Lyon.
Le soleil commence à poindre sur les champs de vigne autour.
Je suis en vacances.
Ceci est le premier journal que j'écris dans cette nouvelle forme
Minimale, et qui ne soit pas adressé à Valentina.
Je me transforme
Ainsi que le fait le monde.
La connexion est mauvaise. J'écris en mouvement. Comme depuis toujours
Le train est devenu le lieu d'écriture de la plupart de mes journaux actuels
J'en écrivais avant, j'en ai sous mon lit des valises pleines
Journaux intimes de gamine, carnets de croquis, de poèsie, et les cahiers du théâtre.
Sans compter les boîtes contenant mes correspondances, les dessins, photos, posters, tentatives de carte mentales qui se balladent sous le lit
Les romans avortés, les pièces inachevées, les quelques feuillets de tentatives de mangas, bande dessinées
Et au dernier compte, de ces cahiers, il y en avait 57
Je suis née en 1998 et c'est en 2022 que j'ai rencontrée Valentina.
J'avais 22 ans, je faisais du théâtre depuis 5 ans déjà, à Rennes, à Caen
J'ai été prise cette année-là dans la classe prépa égalité des chances de la MC93 de Bobigny
J'ai emménagée là-bas, dans cette petite chambre d'étudiante qui donnait sur le canal de l'Ourq en contre-bas
J'ai découvert, de loin, cette petite vie parisienne que je ne connaissais pas
Avec son monde et ses manifs et ses restaurants chics et tous ces théâtres et toutes ces boîtes dansantes
Je prenais le métro et je lisais beaucoup
Nous faisions les concours de théâtre, et j'écrivais chaque week-end un journal
Nous prenions le trains et j'écrivais des centaines de pages que j'adressais à elle
Nous sommes partis en troupe à Strasbourg, à St Etienne, à Marseille et à Montpellier
J'ai été prise, finalement, à Montpellier
Et ce journal je n'ai jamais cessé de lui écrire
Ce journal m'a vu grandir
Me transformer bien au-delà de ce que j'aurais pu imaginer
Je ne sais pas si ce que m'as transmis Valentina et tout le reste de l'équipe de Bobigny peut se décrire
C'est un amour et un respect qui dépasse de beaucoup celui d'une simple enseignante de conservatoire à son élève
C'était la transmission d'une artiste à une autre en devenir et qui s'ignorait encore
Qui était, comme nous le savons toustes, pétrie d'incertitude, d'angoisses et de solitudes
Affamée d'un sentiment de légitimité qui tardait à venir
Mais qui a eu la chance de trouver un regard acéré et une écoute attentive
Une énergie de transmission désespéré et infinie, nourrie d'une conviction profonde
De faire tout ce qu'elle peut faire pour l'avènement d'une jeunesse sensible et nouvelle
Qui saurait être capable de transformer la terre
De faire tout ce qu'il est possible de faire pour donner corps aux rêves de quelques jeunes gens
Qui veulent devenir comédiens, tout simplement, et qui s'envolent ensuite
Vers ces autres cieux que leurs efforts ont permis de construire
Je fais moi-même partie de cette jeunesse désespérée
Qui ne cesse de courir, qui ne lit plus autant que quand iels étaient enfants mais qui travaille
Au meilleur de son possible, à la plus brillante des utopies d'avenir
Qui se ballade avec ses auteurs et ses poètes en poche
Ses rêves pagailles, ses ambitions coupables et son besoin d'amour et de reconnaissance féroce
Des enfants entre 20 et 30 ans qui voient chaque jour passer sur leurs écrans
Les guerres et les bombes et le mépris et la haine
Tandis qu'iels sentent encore dans leur corps les courbatures de la veille
Aujourd'hui j'ai 26 ans, bientôt 27
En deuxième année à l'école nationale du théâtre sous le soleil
Qui se finirat l'année prochaine, et ce sera la huitième
Que je passe accroupie par terre, avachie dans un fauteuil rouge ou assise sous une chaise
Sur le côté du plancher noir d'une salle noire
Où des jeunes gens, chaque jour, font la lumière sur une scène de théâtre
Dansent, chantent, s'aiment, se parlent, s'enlacent et s'animent
Donnent chaque jour à la vie une texture nouvelle
Et où dans le silence, nous rendons aussi les hommages que nous devons à nos mort.e.s
Aujourd'hui privés de la parole
Et bientôt tout cela se terminera
Et nous quitterons toustes le hallo des projecteurs Fresnel pour chercher du travail
Parce que le travail, c'est bien tout ce que l'on sait faire
Mais existe-t'elle encore? L'économie dans laquelle nous pourrions
vivre de ce que nous savons déjà faire
De cette pratique millénaire et archaïque là
Où des jeunes gens s'enferment dans des salles de théâtre pour donner vie
À des auteurs disparus qui n'ont pas encore fini de dire
Tout ce que les autres n'ont plus le temps de lire
Devrons-nous repartir à Paname?
Courir comme des milliers d'autres les auditions et les castings?
Devrions nous écrire nos propres pièces, nos propres films?
Et chercher partout quelque part, cette bonne âme-là qui possède le fric que nous n'avons pas
Et qui pourrait donner de quoi nourrir et transmettre ces rêves-là?
Sommes-nous les héritiers d'une culture qui doucement, s'éteint?
Au profit de formes qui prennent plus facilement la forme de l'emballage
De produits de consommations rapide, que l'on peut acheter et poser délicatement chez soi?
Je suis actrice, et je sais qu'aujourd'hui
Je devrais déjà, travailler mes photos et tenter tous les castings
Avoir une page instagram irréprochable, qui puisse faire la vitrine
Du produit que je suis, que je puisse
Capitaliser sur ma propre jeunesse et séduire
Les réalisateurs et les metteurs en scène et les directrices de casting
Les réalisatrices et les metteuses en scènes et cette agente et ce producteur qui paraît-il,
Pourrait faire décoller ma carrière si seulement je pouvais
Me couper mes cheveux pour lui faire plaisir et changer mon enveloppe physique
Pour que mon image se rapproche de ce garçon ou de cette fille
Qui habite ses souvenirs, ses rêves et son esprit
Je sais danser, chanter et jouer de la musique
Je peux apprendre des textes par coeur et remonter à Paris et joyeusement courir
Envisager tout mon avenir dans ce désir en suspens ou alors comme je le fais maintenant
Tenter les Beaux-Arts et apprendre le code informatique
Je sais aussi écrire, je sais aussi dessiner
Je sais lire et comprendre ce qu'il se passe entre les lignes
De cette grande parade néo-libéral et colonialiste
Qui capitalise sur notre solitude avec des petites silhouette qui dansent
Et qui préfèrera certainement à des acteur-ice-s de chairs et de sang
Des images qui bougent avec des rythmes entraînant
Et des peaux qui ne seront jamais touchées autrement
Que par la pulpe du doigt sur un écran
J'écris aujourd'hui ce premier journal en numérique
Que j'adresse désormais à toustes celleux que j'ai aimés
A tous les coeurs que j'ai senti battre
Et à tous les corps qui ne demandent qu'à frissoner
Face à des pensées qui prennent du temps à se formuler
Qui ne demandent qu'à être touchés
Par un texte ou une image, par la musique d'un cri ou la vidéo d'un mirage
Je l'écris pour la première fois sur du papier numérique
Qui ressemble moins à un propre logiciel qu'à des maths
Qui laisseront s'afficher sur une page blanche dans un style minimal
Quelques mots qui restent pour le moment sans images
Sans algoritgmes et sans bouton partage
Mais qui sont libres d'exister, de changer et de se métamorphoser
Sur un web libre, une utopie numérique
Un nouveau language à la portée de tous
Bien loin, de l'autre côté de ce qu'un artiste produit est censé faire
Mais qui permet la libre circulation des textes des médias et des sons
Loin, bien loin du champ de décision
De ces nouveaux Hitler obnubilé par leur vision
Et qui ne trouve sa substance propre
Que dans la destruction
Je veux rêver au-delà du ciel gris qui couvre maintenant l'horizon vert
Que j'aperçois depuis la fenêtre
J'arriverais très bientôt à Lyon
Je suis en vacances
Je vais pouvoir mettre à profit ce tout nouvel apprentissage
Coder en HTML et en CSS un site internet dont je serais assez fière
Pour préparer ma lente extraction de ces canaux d'information
Qui nous déservent et tueront dans l'oeuf toute tentative
De Révolution
Lundi, je serais en Italie
Et puis ensuite à Paris, puisqu'il le faut bien
Je ne pars là-bas qu'avec un seul objectif
Celui de me rapprocher des pas de ma très chère Valentina
Qui m'a tant apporté et que je ne saurais jamais assez remercier
Pour m'avoir donnée les outils nécessaires
Pour donner corps à mes premiers rêves
Je t'embrasse, puisque je sais que tu le liras
Judikaël
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